
Biais de raisonnement
Définition simple
Le biais du raisonnement motivé désigne la tendance qu’a notre cerveau à interpréter les informations de manière à confirmer nos désirs, nos croyances ou nos intérêts, plutôt que de les évaluer objectivement. En d’autres termes : nous ne pensons pas pour trouver la vérité, mais pour protéger ce que nous voulons croire.
Ce biais s’appuie sur deux besoins fondamentaux :
- Le besoin de cohérence cognitive (éviter la dissonance entre ce que je crois et ce que j’entends).
- Le besoin identitaire (préserver mon image de moi, mon groupe d’appartenance ou mes valeurs).
Mécanisme psychologique
Lorsqu’une information contredit ce que nous croyons :
- Notre cerveau active des zones liées aux émotions et à la menace (amygdale, cortex cingulaire antérieur).
- En réponse, il biaisera l’analyse : il cherchera des contre-arguments, minimisera la validité de la source, ou réinterprétera les faits.
Ainsi, nous gardons notre confort psychologique, même au prix de l’objectivité.
Exemples concrets
1. En politique
Un électeur convaincu que son candidat est honnête rejettera spontanément un article révélant un scandale le concernant, en pensant :
“C’est de la manipulation des médias !”
Alors que, si la même information concernait le candidat adverse, il la jugerait “crédible et inquiétante”.
Le raisonnement n’est pas motivé par la recherche de vérité, mais par le besoin de défendre son camp.
2. En recherche scientifique
Un chercheur qui a travaillé plusieurs années sur une hypothèse aura tendance à minimiser ou ignorer les résultats qui la contredisent.
Exemple : un chercheur en neurosciences qui croit fermement à un modèle de plasticité cérébrale spécifique pourrait négliger les études remettant ce modèle en question.
Son raisonnement est motivé par l’attachement à son travail et à sa réputation scientifique.
3. En santé
Une personne persuadée que “les vaccins sont dangereux” cherchera activement des articles, vidéos ou témoignages confirmant cette idée et rejettera les études contraires, en les jugeant “biaisées par l’industrie pharmaceutique”.
Ici encore, le raisonnement est orienté par la peur et la méfiance, pas par l’évidence scientifique.
4. Dans la vie quotidienne
Quelqu’un qui veut croire qu’il est “bon juge de caractère” aura tendance à excuser les comportements problématiques d’une personne qu’il apprécie (“il a juste eu une mauvaise journée”), tout en exagérant les défauts d’une personne qu’il n’aime pas (“il est vraiment instable”).
C’est une distorsion du jugement motivée par le besoin de préserver son image et sa cohérence interne.
En résumé
🔸 Ce biais montre que nos émotions précèdent souvent notre raisonnement.
🔸 Il est renforcé par la polarisation sociale et les algorithmes numériques (qui alimentent nos croyances).
🔸 En prendre conscience est la première étape pour adopter un raisonnement plus réflexif et scientifique.
Application pratique
Pour limiter ce biais :
- Chercher activement les arguments contraires à ses convictions.
- Distinguer les faits des interprétations.
- S’autoriser à changer d’avis sans y voir une faiblesse, mais un signe d’évolution intellectuelle.
le biais du raisonnement motivé et le biais de confirmation sont étroitement liés… mais pas identiques.
Le premier explique pourquoi nous raisonnons de manière biaisée, le second décrit comment nous le faisons.
1. Le biais de confirmation : le besoin d’avoir raison
Définition :
C’est la tendance à chercher, interpréter et retenir uniquement les informations qui confirment nos croyances préexistantes, tout en ignorant ou rejetant celles qui les contredisent.
Exemple :
Une personne persuadée que “le café empêche de dormir” remarquera chaque fois qu’elle a du mal à s’endormir après un café… mais oubliera les soirs où elle s’est endormie sans problème.
En résumé :
Le biais de confirmation = je sélectionne les preuves qui me donnent raison.
2. Le biais du raisonnement motivé : le besoin d’avoir raison pour une raison émotionnelle
Définition :
C’est la tendance à raisonner en fonction de ce que l’on souhaite être vrai, pour protéger son identité, son ego ou son confort psychologique.
Autrement dit : ce n’est pas seulement que je biais mes preuves — c’est que mon désir ou ma peur oriente tout mon processus de raisonnement, souvent inconsciemment.
Exemple :
Un chercheur qui a consacré 10 ans à une théorie aura du mal à accepter qu’elle soit fausse, non pas seulement par logique, mais parce qu’admettre cela menacerait son identité de chercheur et la valeur de son travail.
En résumé :
Le raisonnement motivé = je choisis mes croyances selon ce que j’ai besoin émotionnellement de croire.
3. En clair : la relation entre les deux
Tu peux voir le biais du raisonnement motivé comme la source émotionnelle du biais de confirmation.
- Le raisonnement motivé crée la motivation intérieure : “Je veux croire ça.”
- Le biais de confirmation est le mécanisme cognitif qui permet d’y parvenir : “Je ne regarde que ce qui confirme ça.”
Exemple concret combiné
Imaginons un chercheur convaincu que le stress stimule la performance cognitive.
- Biais du raisonnement motivé : il veut que ce soit vrai, parce que cela valorise son mode de vie exigeant et son image de chercheur performant.
- Biais de confirmation : il sélectionne ensuite les études ou les anecdotes qui confirment cette idée, en ignorant celles qui montrent les effets délétères du stress chronique.
En résumé
Aspect | Biais de confirmation | Biais du raisonnement motivé |
---|---|---|
Nature | Cognitif | Émotionnel / motivationnel |
But inconscient | Avoir raison | Protéger ses croyances, son identité ou ses émotions |
Manifestation | Sélection d’informations conformes | Raisonnement orienté dès le départ |
Exemple | Je lis seulement les études qui confirment mon opinion | Mon opinion détermine comment je lis les études |

